En Juin 2007, à travers une lettre ouverte au président de la République, Jean Michel Billaut incitait ce dernier à se lancer dans une nouvelle politique de grands travaux consistant à doter le pays d’un nouveau réseau national de télécommunications très haut débit (et évidemment tout optique). Nombreux sont les analystes à se demander actuellement si la course au très haut débit n’est pas une nouvelle lubie marketing pour pousser encore plus la consommation des foyers en médias numériques (vidéo à la demande, vente en ligne de musique, abonnement aux bouquets de chaînes HD). Les débits annoncés ne sont-ils pas excessifs pour l’utilisation de l’internaute moyen ? Qui peut se targuer d’avoir besoin d’une bande passante à 100 mégabits là où d’importantes sociétés disposent encore d’une connexion bien moindre (même si symétrique) ? Pourtant de nouveaux rapports émergeants de sources diverses vont dans ce sens : la boulimie de haut débit ne fait que commencer et va bientôt, malgré les efforts des fournisseurs d’accès, poser des problèmes critiques. Cisco par exemple, a calculé que les sites de vidéos américains (VOD sur les sites des chaines de tv, streaming type myspace, youtube…) transmettent chaque mois plus de données que le total de données échangées sur Internet en l’an 2000.
Stan Schatt, directeur des recherches chez ABI, exposait dans une interview au webzine Ars Technica: « La bande passante montante va devoir être augmentée, et les opérateurs câble vont se retrouver bloqués par la largeur de bande à l’heure où les programmes en HD deviennent monnaie courante. »
Le point critique va être atteint pour les câblopérateurs. L’émergence de chaines HD est très limitée sur la technologie câble actuelle (12 chaînes). Si ceux-ci veulent continuer à offrir un service compétitif à leurs usagers, ils vont devoir investir des sommes très lourdes dans leurs infrastructures. Difficile à faire entendre à des entreprises qui ont déjà investi des sommes colossales pour se doter d’un réseau coaxial digne de ce nom lors de la dernière décennie. Pour les opérateurs câble, plusieurs solutions sont possibles : équipements de plus large spectre, passage en IPTV, flux en MPEG4… Mais toutes ses astuces ne sont finalement qu’un sparadrap sur une blessure profonde. La seule solution viable est sans doute le déploiement d’un réseau tout optique basé sur la technologie IP. La France a sans doute une longueur (d’onde) d’avance sur ce type de déploiement au niveau Européen, avance qui va permettre d’attirer de nouveaux investisseurs, de proposer des services innovants, d’exporter une expérience du déploiement très haut-débit hors des frontières ce que Jean Michel Billaut mettait en exergue dans sa lettre :
« Si nous sommes en effet le premier pays en Europe à mettre cette stratégie en place de façon massive, et à le faire savoir urbi et orbi : nos start-ups, nos entreprises traditionnelles, nos administrations, et même nos citoyens vont pouvoir mettre en oeuvre de nouveaux types de services que seul, le TRES haut débit permet. Services pour vivre mieux, peut-être moins polluants à rendre, dans le domaine du télétravail, du loisir, du commerce, de la banque et de la finance en général, de l’immobilier, de la santé, du tourisme, de l’éducation, de la politique et de l’administration, etc… »
Via Itnews, le blog de JMB et ars technica

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