Juin 05
20
Haut Débit et Territoires à l’ESCP-EAP
Je suis à l’ESCP-EAP de Paris, en direct de la rencontre Haut débit et Territoires organisée par la Fing.
Ce billet a été structuré au fur et à mesure de la journée. Il fait chaud ici et un câble Ethernet traverse la pièce pour que je puisse poster en direct (un NoCat barre la sortie vers Internet en Wi-Fi …) 🙂
09:09 – Ce billet sera mis à jour tout au long de la journée.
09:35 – Le blog de OpenFing
11:49 – Intervention de Stéphane Lelux, président du cabinet Tactis, fait un état des lieux du haut débit en France. 94% des accès à Internet utilisent la technologie DSL. Seul 3000 projets alternatifs officiels sont en cours personnes sont reliées avec des réseaux alternatifs en France. Au niveau du dégroupage, 14% des lignes étaient éligibles en 2002, 45% le sont aujourd’hui. Les tarifs peuvent passer du double au triple selon le territoire. Cela amène une double fracture !
62 à 90% des français seront couverts par du DSL par France Télécom d’ici 3 ans (purement théorique quand même …).
Le cuivre sera à terme remplacé par la fibre, mais à quel prix, et quand ?
Intervention de Jean Michel Cornu, directeur scientifique de la Fing, présente un panorama des technologies d’accès à Internet, notamment sans fil. Je relève notamment que la puce Rosedale d’Intel coûte $47 pour mille pièces, l’équipement complet coûte de $300 à $500 aujourd’hui, $200 à terme. La version 2 de la puce permettra d’exploiter les fréquences 3,5 GHz, 2,5 GHz avec license et 5,86 GHz (encore utilisée par l’armée française) et peut-être 2,4 GHz sans license.
Intervention de Gabrielle Gauthey, membre du Collège de l’ARCEP. On parle peu du Wi-Fi. Le CPL n’est plus au stade d’expérimentation. Je me demande si ce n’est pas trop tôt pour que les offres commerciales liées au CPL soient lancées …
Le Wi-Fi ne changera pas a priori de statut, il faut toujours faire une demande pour relier plusieurs postes Wi-Fi entre eux. A voir auprès de l’ARCEP pour plus de détails sur ce dernier point. Le taux de pénétration du haut débit est de 3,2% en 2002, et de 18% en 2005. La France va prochainement dépasser l’Allemagne, et est dans le peloton de tête européen. 4 acteurs se partagent le marché, dont France Télécom (loin devant …), Free, Neuf …
L’ARCEP vient de le déclarer officiellement : La rareté au niveau national des fréquences pour le WiMax amène à non pas une attribution par enchères, mais par de nombreux critères. Cette attribution aura lieu cet automne ou début 2006. Les technologies de fibre (FTTx, FTTN, FTTcurb, FTTB, FFTU et FFTH) sont déployées dans de nombreux lieux, dont Pau et en Italie. Beaucoup de questions pour Mme Gauthey sur le CPL, le WiMax (licenses temporaires ?). On apprend notamment qu’une fréquence coûtera 25 000 € par région et par an.
Midi-Pyrénées (Joël Marrot) : expérimentation satellite + Wi-Fi
Le passage du WEP en 802.11i sembe difficile, car il faut remplacer tout le matériel Wi-Fi.
Problèmes juridiques ?
11:57 Manche Numérique (M. Le Grand) : CPL + Wi-Fi
Syndicat qui aménage le territoire. Projet démarée en Avril 2003. La license pour le CPL coûte dorénavant 10 000 euros/an, en attendant plus de détails.
12:04 Sipperec : 78 collectivités en CPL
12:08 Pays Chartrain (Manche) : CPL et fibre. 1Mbit/s descendant, 512 Kbit/s montant. WiMax et réseau maillé en prévision dans le département.
12:11 Haute Vallée d’Aspe : satellite + CPL et Wi-Fi. Le CPL est utilisé pour les habitations les plus proches. Le Wi-Fi utilise 2 ou 3 rebonds pour accéder aux 40 des 61 habitations, pour un même service et un même débit. Le projet est porté par une association 1901. Seuls des particuliers profitent de ce réseau. Technique et juridique moins important que le côté économique. Une médiathèque a été mise en ligne pour éviter le téléchargement illégal. Chaque abonné paiera 25 euros à partir d’octobre 2005 (fin de la phase d’expérimentation). Le projet coûtera 100 000 euros pour équiper 3 communes supplémentaires environ (pour 200 connectés).
12:23 Pays de Saintonge en Charente-Maritime (M. Fogeard-Grignon) : WiMax. « Ras-le-bol du hype ! ». Travaille avec TDF. « Ca marche et ça marche pas … ». A 1 km cela peut marcher dans certains cas, pas dans d’autres. L’attribution de licenses WiMax au niveau régional va poser des problèmes. Il faudrait au moins une attribution au niveau départemental. L’expérimentation dure jusqu’à 20 août pour le WiMax.
12:33 Inforoutes de l’Ardèche (Guy Fréry) : CPL + Wi-Fi + MMDS. Expérimentation terminée fin décembre 2004, les licences sont rendues en ce moment.
Dans plusieurs communes, le fait de créer ce genre de projets accèlere le déploiement par France Télécom de l’ADSL !
12:38 De nouveau, intervention de M. Guillotin, du Pays Chartrain. Quelques slides du bon vieux Powerpoint pour présenter le projet de la REG.ies.
12:51 De nouveau, intervention d’une personne de chez Sipperec. Infrastructure : réussite commerciale et économique.
13:00 Un projet de services : Altermed (M. Trénaud) dans le domaine de la santé : Hôpital à domicile (HAD) et liaison entre les hôpitaux. Le cas de Belle-Ile est cité. Notamment, le WiMax a été testé et fonctionne sur 47 km en point à point avec une très bonne visibilité. Le CPL a relativement bien fonctionné. Le Numéris et l’ADSL ont également été testés.
13:10 Intervention d’Alain Ducass de la DATAR. Sujet : « Accès et services à haut débit sur les territoires ». La couverture en haut débit est le premier besoin des rurbains (urbains s’installant à la campagne) en 2005, devant les crèches et les espaces sportifs !
3 appels à projets du pôle aménagement numérique de la DATAR :
- Télécentres – Téléactivités, lancé à Autrans : 35 télécentres ouverts ou en cours. Adverbe (Zevillage) fait partie de cette catégorie.
- TIC et PME : 33 espaces numériques entreprises regroupés en réseau pour notamment des outils de veille par profession. Lancé fin mars 2005.
- Accès et services à haut débit sur les territoires : date limite : 1è vague le 30 juin 2005. Budget total : 3 M euros.
Détaillons les accès et services à haut débit sur les territoires :
- Volet accès innovants : réseaux maillés à Lyon et à Bristol
- Revitalisation des zones rurales : cas de la Chaumière haut débit (Dordogne). Satellite + Wi-Fi
- Nantes : réseaux « sociaux » en CPL + fibre optique pour 1 à 10 euros/mois en fonction des revenus à Malakoff. A Moulins, une setup box à été offerte à tous les locataires, et 60% s’en servent pour des accès haut débit sur leur télévision.
- Volet Pôles de compétitivité : il en existe 20 au niveau national. Les outils de travail collaboratif accélèrent la mise en réseau des réseaux d’entreprises. Au Canada, on voit apparaître des offres d’emplois pour des animateurs de communautés virtuelles.
Cet après-midi, prix et services du Haut Débit.
J’ai rencontré quelques personnes, dont un journaliste des Echos et des personnes d’Alsatis, de la région Midi-Pyrénées, …
En revenant dans la salle, je suis à côté de Martin Loyer, ex-Paris Sans Fil ! Je le croyais disparu de la scène Wi-Fi 🙂
16:28 La session Economie des réseaux vient de se terminer.
Un cours d’économie de M. Penard nous plonge dans le vif du sujet : La fusion des opérateurs (cf Neuf et Cegetel) va amener à une augmentation du prix de l’accès DSL pour le client final ! Ne devrait-on pas proposer un service universel sur le territoire français ? D’un point de vue pragmatique, tout à fait …
La société Erenis présente son offre commerciale de boucle locale alternative sur Paris et une ville du 92, avec 25 000 potentiellement éligibles. Le 30€ aura 60 Mbit/s en upload et 30 Mbit/s en dowload.
Quelques affirmations :
- L’ARCEP doit réguler les sous-répartiteurs.
- Lors de la construction d’immeubles, il faudrait lancer un appel d’offre pour les câbler, car aujourd’hui France Télécom est préféré de facto.
- Il faut mutualiser l’infrastructure pour que la concurrence puisse installer son matériel.
Quelques questions pertinentes : Pourquoi ne pas utiliser la technologie Edge pour couvrir tout le territoire (même si le débit est assez bas, le lien sera permanent) ? Il n’existe pas à proprement parler de zone blanche, car le satellite d’Eutelsat couvre 100% du territoire français => reste à voir le type de services proposés sur l’accès.
On nous affirme qu’il faut faire des expérimentations, financées si possible par des fonds privés.
On entame la session des Stratégies des territoires.
- Etats-Unis : investissement FTTx (câble 64%, DSL 34%, Sans fil 1%, Fibres 0%, autres 1%)
- Grande-Bretagne : 60% DSL, 40% câble
- Corée : accès très haut débit neutres : 44% DSL, 20% VDSL, 36% câbles
- France : dégroupage 20% – DSL 91%, 9% câble
- Irlande : 84% DSL, 16% câble
- Espagne : 79% DSL, 21% câble
16:39 DORSAL (Service Public du haut-débit en Limousin) – groupe Reflect (M. Mons) : 1 région, 3 départements, 2 grandes agglomérations, 700 000 habitants, 750 communes à dominante rurale, 20% de l’économie et 60% de la recherche en prise directe avec les TIC.
Concession pendant 20 ans du Service Public à Axiome/Sogetrel puis public.
Prévisions de 100% de couverture avec notamment 140 points WiMax pour relier les derniers habitants, le tout sur 24 mois.
16:54 Intervention de M. Chung, délégué aux TIC de l’Assemblée des Régions de France. On aborde le sujet du service universel. Il faut le définir. Comment faire travailler les départements avec les régions ?
17:27 Fin de la journée … Ouf.
Quelques commentaires après-coup des intervenants ou participants (et pour des synthèses moins longs et fastidieux que mon billet) :
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Un absent aujourd’hui : le maire du village rural.
Qui s’est soucié aujourd’hui du premier kilomètre (la distance qui sépare la maison de quelqu’un du point d’accès au haut débit) ?
Trois intervenants ont présenté le même carte de déploiement du haut-débit.
90% de la population est située dans une commune ouverte au service d’accès Internet par adsl.
Ce qui ne veut pas dire que 90% de la population peut accéder au haut débit.
Il y a d’abord, les 10% qui sont exclus à cette date (et qui risquent de le rester…)
Il y a ensuite tous ceux qui habitant une commune éligible sont à une distance incompatible ou derrière une ligne équipée d’un MUX (dispositif qui permet à FT d’utiliser toutes les paires de cuivre d’une même ligne mais qui ce faisant rend impossible la mise en place de l’adsl).
Il doit être possible de dire que 100% des communes éligibles contiennent sur leur territoire des zones blanches.
Les maires de France savent-ils que l’arrivée de l’ADSL créera une fracture numérique au sein même de leur territoire. Savent-ils que ce ne sont les opérateurs qui vont devoir assumer l’inégalité d’accès au haut débit devant leur électorat, mais bien eux. Inégalité d’accès à ce que de plus en plus d’habitants considèrent comme un service de base. L’accès aux haut débit est aujourd’hui le service n°1 évoqué par les néoruraux comme conditionnant leur choix d’installation.
Le haut débit sera-t-il un thème fort des prochaines municipales ?
L’analogie avec la desserte d’eau, de téléphone ou d’électricité permet de bien comprendre ce qui est en train de se passer. L’eau va arriver sur la place du village. Les plus riches (sous réserve d’habiter assez près de la fontaine) se verront desservir. Les plus distants auront peut-être l’eau, mais avec moins de débit à leur robinet. Les autres viendront à pied avec leur citerne…
Les maires d’aujourd’hui auront-ils la clairvoyance de leurs aînés et prendront en charge (aidés par les départements, les régions) la construction du réseau local pour rétablir l’accès de tous les concitoyens à l’Internet haut débit ?
Les pouvoirs publics veulent-ils aider les projets qui travaillent à la mise en place du modèle économique (forcément mixte) d’un accès à un service de base de tous en tout point du territoire communal ?
D’autant qu’une fois qu’il existe un réseau local, il devient possible d’y déployer des services communautaires bien intéressants et créateurs de liens sociaux 🙂
C’est très intéressant…
J’étais aux cotés de Thomas Gee ce matin…je fais la sieste, pendant les discussions de gros sous avec la datar…et dans mon pseudo sommeil, j’ai réussi à me connecter sur le WiFi…Youpeee!
Maintenant, à l’issue de cette réunion très intéressante, une initiative de fédération de toutes les associations des réseaux ruraux alternatifs est en train de naitre…
à très bientôt
Merci pour le résumé 🙂
Notion importante des bons coréens :
"accès très haut débit neutres "
Super le compte-rendu Thomas, merci beaucoup.
La prochaine fois on le fait en hiver à la montagne !
Cet article est incroyablement long ! (désolé d’être un peu fénéant).
Ce serait sympa de faire une synthèse de ton passage là-bas !
Merci d’avance !
Netgratis, je te propose de lire :
http://www.groupereflect.net/blo...
Ah non pas le retour de martin "le baron" loyer, il était bien là ou il était..
merci pour l’article
Hum désolé pour le nocat…
En plus j’ai été prévenu trés tard de la conférence, j’ai pas eu le temps de negocier des accés 🙁
Je n’ai pas pu être présent hier, pas de problémes techniques?
Par contre ça m’intrigue que sylvain ai réussit à se connecter au wifi, a part en draguant une etudiante, je vois pas…
😉
il a pris en otage une étudiante 😉
J’avais un câble Ethernet, mais c’est dommage que les autres intervenants/visiteurs n’aient pas pu accéder au web en Wi-Fi.
L’improbable équation économique ne se fera qu’en réduisant considérablement les dépenses d’infrastructure (74% des CAPEX) en partageant mieux les infrastrutures en place ou à créer (voire même en n’imposant pas en fin de DSP un retour du réseau à la collectivité) et surtout en augmentant considérablement les revenus de service. Pour ceci il est indispensables que les opérateurs de services puissent vendre des services (et non plus se contenter de "délivrer" des services gratuits à faible valeur ajoutée). Aujourd’hui il existe des opérateurs de services qui n’ont pas ou plus de réseau de desserte et des opérateurs de réseaux qui n’ont pas de services à offrir. La solution réside dans cet équilibre "dépenses moindre et revenus supplémentaires". Tant que les services ne seront pas abordés sérieusement, restant ainsi en friche – ce ne sont pas les opéreurs de services réseaux qui vont y contribuer, incapables de le faire depuis trop longtemps – et n’entrant même pas dans les préoccupations premières des nouveaux opérateurs, l’économie des réseaux territoriaux restera aléatoire, et leur déploiement un n-ième plan câble. Il existe aujourd’hui plus de 40 catégories de services à offrir (pardon à vendre) sur les réseaux territoriaux, mais aucun d’entre eux ne sont partie intégrante des plans stratégiques des nouveaux réseaux (à quelques exceptions près cependant). A trop répondre "qui se préocupe de la rentabilité d’une voirie?" à chaque fois que l’on évoque ce problème on néglige le premier retour sur investissement de l’aménagement du territoire numérique qui est la création d’emplois non seulement pour la construction et l’exploitation du réseau, mais aussi pour la création et l’exploitation des services rendus.
"Pourquoi ne pas utiliser la technologie Edge pour couvrir tout le territoire" J’ai eu la même reflexion en testant l’Edge de Bouygues Télécoms qui propose un forfait illimité. Un alternative à 79Euros TTC par mois avec près de 120 Kbps de débit, pas si mal non ?
http://www.lebloggadget.com/2005...
Juste pour dire que j’aime bien cette effervescence. merci thomas pour l’article.
il manque plus que tout ça remonte aux politiques pour que le haut débit soit nationalisé.